En 1914, l’art change radicalement de direction. Un artiste rebelle du nom de Marcel Duchamp expose des objets ordinaires et les qualifie d’œuvres d’art.
Duchamp affirmait que le simple fait de choisir un objet, de le placer dans un contexte muséal (comme une galerie) et le déclarer comme art suffisait à en faire une œuvre.
Duchamp qualifie ces objets de ready-made. Il s’agit d’objets manufacturés, comme une roue de bicyclette ou un porte-bouteilles par exemple. Parfois, ils sont laissés tels quels, parfois ils sont un peu modifiés. Son ready-made le plus célèbre ? Fontaine, un urinoir qu’il place à l’envers sur un piédestal et signe d’un faux nom.
Marcel Duchamp a créé des « ready-made » pour questionner avec humour la notion d’œuvre d’art.
La démarche de Duchamp bouscule la vision traditionnelle de l’art mais il n’était pas le seul à avoir eu ce genre d’idées ! Marcel Duchamp faisait partie d’un groupe d’artistes à l’origine du mouvement DADA. Fondé par l’écrivain Hugo Ball à Zurich, en 1915, le mouvement DADA l a rapidement influencé des artistes du monde entier.
Le dadaïsme avait pour but de provoquer, d’indigner les spectateurs et de scandaliser les critiques. Les artistes dada rejetaient la vision traditionnelle de l’art. Pour eux, une œuvre n’est pas forcément unique, esthétique ou réalisée par un artiste. Ils se sont donc tout naturellement tournés vers des objets de la vie courante et ont réalisé des performances absurdes pour revendiquer une vision politique et poétique.
Le dadaïsme a attiré des artistes, des écrivains, des performeurs et des musiciens anarchistes, révoltés par les horreurs de la Première Guerre mondiale.
Le nom de ce mouvement DADA avait été choisi au hasard dans un dictionnaire pour sa sonorité un peu ridicule et absurde, en référence à l’expression enfantine qui désigne le cheval.
Les artistes dada ont ouvert la voie à de nombreux autres mouvements : le surréalisme, le pop art, l’art conceptuel… Ces mouvements ont en commun l’utilisation d’objets de la vie quotidienne comme matériaux pour créer leurs œuvres.
Le mouvement dada questionne les valeurs traditionnelles de l’art, et a ouvert la voie à un monde dans lequel les artistes peuvent créer des œuvres à partir de n’importe quels objets de la vie quotidienne !
On peut aussi parler d’objets trouvés lorsque les artistes créent des œuvres à partir d’objets issus de la vie quotidienne qui ne sont pas considérés comme des outils propres à la création artistique.
Il peut s’agir :
Parfois ils sont intégrés tels quels – comme l’urinoir de Duchamp, et parfois ils sont modifiés.
Ce type d’assemblage, a été popularisé par les artistes comme Pablo Picasso et Georges Braque qui ont intégré du papier peint et des vieux journaux à leurs collages cubistes au début du 20ème siècle.
Au début du 20e siècle, des artistes utilisent des objets du quotidien pour créer des œuvres. Les cubistes ont été les premiers à effectuer ce genre d’assemblages, suivis par les artistes dada…
Le surréalisme s’inscrit dans la lignée directe du dadaïsme avec son goût pour l’absurde et son désir de bousculer l’ordre établi.
Ce mouvement naît dans les années 1920 à Paris, d’abord dans le domaine littéraire grâce au poète français André Breton. En 1924, ce dernier rédige un manifeste intitulé La Révolution surréaliste.
Fortement influencé par les théories de Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse, le surréalisme explore l’univers de la psychologie et de l’inconscient. En plus d’influencer le cinéma, la photographie, la littérature et la peinture, ce mouvement a glorifié les objets en les associant les uns aux autres de manière dérangeante ou humoristique.
Les surréalistes ont expérimenté des associations d’objets insolites, de manière à créer des œuvres qui évoquent le bizarre, l’amusant ou l’onirique.
Duchamp est souvent qualifié de « père fondateur de l’art conceptuel ». On parle d’art conceptuel lorsque l’idée qui sous-tend une œuvre est aussi ou plus importante que l’œuvre elle-même. Ce mouvement s’est développé dans les années 1960 et 1970, principalement en Europe et en Amérique du Nord. Néanmoins, ce mouvement avait déjà commencé à émerger en 1917 avec les ready-made de Duchamp.
Une œuvre conceptuelle peut prendre n’importe quelle forme ! Il peut s’agir d’une performance, d’un film, d’une photographie, d’une sculpture, d’une peinture, d’une installation ou encore d’un assemblage d’objets trouvés.
Découvrons ensemble quelques artistes britanniques conceptuels qui réinterprètent les natures mortes et leur symbolique :
Lorsque l’idée qui sous-tend une œuvre est aussi ou plus importante que l’œuvre elle-même, on parle d’art conceptuel. Les ready-made de Marcel Duchamp ont ouvert la voie à cette forme d’art.
Avant de clore ce chapitre, arrêtons-nous un instant sur certaines œuvres qui s’inscrivent aussi dans l’univers des « objets trouvés » : les objets délaissés, habituellement négligés ou d’apparence triviale.
L’idée la de rencontre fortuite, héritée du surréalisme, célèbre les associations inattendues d’objets et de matières.
De nombreux artistes utilisent ces objets délaissés pour nous inviter à les contempler avec une attention renouvelée. Certains nous encouragent à imaginer leur histoire, comme Cornelia Parker avec son Araignée morte dans la Tour de Londres. D’autres nous interrogent sur la façon dont nous traitons notre planète, comme le fait Simryn Gill à travers cette photographie de déchets déposés sur la rive par la marée.
Reprenant l’idée de l’association d’insolites d’objets, héritée du surréalisme, certains artistes nous incitent à regarder de plus près les éléments oublié ou négligés de notre quotidien.
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