Pour arriver au Land Art, Robert Smithson est d’abord passé par l’Art minimal. De quoi s’agit-il ? C’est un courant américain des années 1960 cherchant à effacer la personnalité de l’artiste dans l’œuvre d’art.
Ellsworth Kelly est considéré comme l’un des précurseurs de ce mouvement. Tout est parti d’une étrange expérience vécue à Paris :
En octobre 1949 au Musée d’Art Moderne de Paris, je m’aperçus que les grandes fenêtres entre les tableaux m’intéressaient plus que l’art exposé. Je fis un dessin de la fenêtre et plus tard, dans mon atelier, j’ai réalisé ce que je considérais comme mon premier objet, Window, Museum of Modern Art, Paris. Dès lors, la peinture telle que je l’avais connue était terminée pour moi. Les nouvelles œuvres devaient être des peintures / objets, non signés, anonymes. »
À la suite de Kelly, de nombreux artistes reprennent le flambeau de l’Art minimal.
Ellsworth Kelly est l’un des pionniers de l’Art minimal qui vise à gommer toute trace de la personnalité de l’auteur dans son œuvre.
Frank Stella, l’un des fondateurs du Minimalisme, réalise des tableaux aux motifs répétitifs mais aux formats complètement originaux.
Comme les peintres, les sculpteurs de l’Art minimal veulent libérer la création artistique de la personnalité de l’artiste. Obtenir un art anonyme, en somme.
Avec cette œuvre, Dan Flavin se fait sculpteur de lumière. La lumière des néons découpe un coin de mur. Les couleurs s’y mélangent pour créer une peinture immatérielle qui se répand au-delà de son cadre.
Flavin choisit des matériaux fabriqués en usines pour créer son œuvre. Mieux, il limite son rôle d’artiste à la conception de l’œuvre sur papier. Ensuite, il confie les croquis à des techniciens qui les réalisent.
Dan Flavin conçoit des œuvres impersonnelles qui sculptent la lumière et qui sont réalisées par des techniciens.
Depuis le début du 20e siècle, la sculpture a beaucoup évolué. Les artistes ont commencé par assembler des objets entre eux, mais ils ont aussi utilisé des déchets, des ossements d’animaux ou des éléments végétaux.
Dans les années 1960, une nouvelle étape est franchie avec des sculpteurs comme Dan Flavin. Pour ces artistes, le lieu où l’on choisit d’exposer appartient à l’œuvre.
On parle alors d’installations. L’exemple de Flavin permet de bien comprendre ce que cela change.
L’œuvre se sert d’objets qui n’ont pas été fabriqués pour une utilisation artistique (par exemple des néons).
Elle n’a pas vraiment de limite dans l’espace : la lumière se diffuse tout autour.
La présence de l’œuvre change la perception que l’on a de l’espace où elle est exposée.
À partir des années 1960, l’œuvre est aussi conçue pour modifier notre perception du lieu où elle est présentée : ce sont les installations.
En France, dès les années 1940, Vasarely limite également ses œuvres à des lignes de peinture et des formes géométriques. À l’époque, ce peintre est un peu seul à emprunter cette nouvelle voie artistique. Mais vingt ans plus tard, il est le chef de file d’un nouveau mouvement : l’Op Art.
L’Op Art (art optique) s’appuie sur la connaissance de la vision humaine. En fait, notre œil envoie ce qu’il perçoit au cerveau. Celui-ci en donne une interprétation en s’appuyant sur son expérience. Mais les artistes de l’Op Art le « trompent ». Ils lui font croire que leurs peintures sont en relief et sortent de la surface plate de la toile.
Les artistes de l’Op Art, comme Vasarely, se servent de formes géométriques pour donner des illusions d’optique au spectateur.
À la fin des années 1960, un mouvement italien se fait une spécialité de ces installations artistiques : l’Arte Povera (art pauvre).
Pour ses artistes, le plus important n’est pas l’œuvre finie mais le geste créateur. D’ailleurs, leurs créations sont parfois impossibles à conserver.
En fait, les artistes de l’Arte Povera mènent une révolte contre le monde de l’art. Ils veulent pouvoir créer sans l’aide des galeries ou des musées. Ils limitent donc au minimum leurs besoins matériels et financiers pour concevoir leurs œuvres. D’où ce nom « d’art pauvre ».
L’Arte povera italien rassemble des artistes en révolte contre les galeries : ils créent avec très peu de moyens des œuvres.
Aujourd’hui, qui pourrait se présenter comme l’héritier des artistes présentés dans cette capsule ? Ils sont plusieurs à pouvoir le faire, sans aucun doute, mais l’un d’entre eux est à la croisée de plusieurs chemins : Olafur Eliasson. Avec lui, le ressenti du spectateur, tout ce qui tient en fait aux sens, est au cœur de l’art. Chacune de ses œuvres est un voyage dont on revient différent.
Olafur Eliasson, New York City Waterfalls (« Cascades à New York »),
2008, installation, Pont de Brooklyn, New York © ADAGP, Paris 2021. Photo : Wally Gobetz, CC BY-NC-ND 2.0
Olafur Eliasson, Weather project (« Projet Météo »),
2003, installation, Tate Modern, Londres. © ADAGP, Paris 2021. Photo : wonderferret, CC BY 2.0
Olafur Eliasson, Eye see you,
2006, installation prévues pour les vitrines des boutiques Louis Vuitton © ADAGP, Paris 2021. Photo : samu szemerey, CC BY-NC-ND 2.0
Avec ses installations, Olafur Eliasson travaille sur le ressenti du spectateur, dans la lignée du Land Art, de l’Art minimal et de l’Arte povera.
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