À mesure qu’a évolué l’histoire de l’art dans la culture occidentale, plusieurs « genres » principaux ont émergé.
C’est au 17e siècle que ces genres ont été hiérarchisés en France, par l’Académie royale de peinture et de sculpture. Le classement était le suivant :
Le paysage et la nature morte dans lesquels on ne trouve aucun personnage étaient donc considérés comme des genres très inférieurs.
Au 17e siècle, la nature morte était considérée comme le genre pictural le moins noble, loin derrière la peinture historique, le portrait, les scènes de genre et la peinture de paysage.
Une nature morte est composée :
Donc, en art, on appelle nature morte toute œuvre dont le sujet est un objet inanimé qui peut être naturel ou conçu par l’homme et qui peut être littéralement mort.
Mais d’où vient ce terme ?
La nature morte en tant que sujet pictural existe depuis des siècles. On en retrouve dans des tombeaux de l’Égypte antique et sur les retables du Moyen Âge et de la Renaissance par exemple. Le terme, quant à lui, n’est apparu qu’au 17e siècle, aux Pays-Bas.
Il est issu du néerlandais stilleven, qui signifie « vie silencieuse » et qui en anglais donne still life qui traduit l’idée d’immobilité. Le terme français nature morte est plus proche du terme italien, natura morta. Donc, le sujet d’une nature morte n’est pas toujours nécessairement mort !
Le terme stilleven, est apparu aux Pays-Bas au 17e siècle. En néerlandais, cela signifie « vie silencieuse ».
La nature morte est un genre pratiqué depuis des siècles, comme en témoignent les peintures ornementales des tombeaux de l’Egypte antique ou encore les mosaïques et fresques de la Grèce et la Rome antique.
On peut généralement classer les natures mortes selon cinq grandes catégories.
En premier, on trouve celle des aliments et des boissons, souvent représentés sous forme de banquet somptueux, ou bien sous les traits d’un simple petit-déjeuner.
Les objets peuvent nous renseigner sur le statut social du propriétaire de l’œuvre ainsi que sur une époque et un lieu particuliers. Observons, par exemple, la nature morte de Willem Claesz Heda. Il peint un service en argent, un citron et un pichet en verre vénitien délicatement torsadé. L’artiste met donc en avant la puissance commerciale et la prospérité des Pays-Bas au temps de l’âge d’or de la peinture néerlandaise.
Cela témoigne du style de vie du propriétaire de l’œuvre ! On trouve aussi souvent des objets liés aux plaisirs et aux loisirs, tels que le vin, les livres, les cartes, les bijoux et les instruments de musique.
Les fleurs sont un autre thème très prisé. Souvent sous forme de compositions spectaculaires, les bouquets sont composés d’espèces impossibles à obtenir toutes à la même saison, comme dans cette œuvre splendide de Jan van Os. Outre le commerce international florissant de bulbes au 17e siècle, l’intérêt pour la botanique s’est considérablement élargi à l’époque en Europe du Nord.
Faisons un petit saut dans le temps et intéressons-nous à l’artiste Vanessa Bell. Cette artiste faisait partie du groupe de Bloomsbury. Un groupe d’écrivains, d’intellectuels, de philosophes et d’artistes anglais du début du 20e siècle. Elle a exploré la thématique des fleurs, symboles de beauté, de vitalité mais aussi de chagrin. Dans son œuvre Chrysanthèmes, réalisée après la Seconde Guerre mondiale, elle peint des fleurs associées habituellement à la mort pour évoquer le sentiment de deuil des nations.
Impossible de parler de fleurs sans citer un tableau de fleurs iconique : les Tournesols de Vincent van Gogh.
Enfin, il y a les animaux. Le plus souvent, ils sont représentés morts ou sur le point d’être mangés. Par exemple, on retrouve souvent des lièvres ou des oiseaux, des animaux chassés, suspendus la tête en bas. Dans d’autres œuvres, des animaux tels que des chats ou des chiens sont utilisés pour introduire une impression de mouvement ou de tension dramatique, comme dans cette Nature morte au chat de Sebastiano Lazzari.
On peut classer les natures mortes selon plusieurs grandes catégories : nourriture et boissons, objets du foyer, fleurs, et les animaux.
On a parlé de cinq catégories, et la dernière d’entre elles mérite bien un chapitre à elle toute seule ! Il s’agit des natures mortes symboliques.
La nature morte n’est pas uniquement un moyen pour les artistes de montrer leur maitrise technique. Elle leur permet également de représenter des objets qui ont une signification symbolique. Par exemple, les grappes de raisin mûr et les roses épanouies ne sont pas uniquement là pour faire joli ! Ils servent également à rappeler la finitude de l’existence, car ils ne vont pas tarder à flétrir et mourir, comme nous. C’est gai, n’est-ce pas ?
On appelle ce type d’œuvre, un memento mori ou une vanité, car elles servent à nous rappeler que nous sommes mortels.
Bien que le sens de ces termes soit très proche, il existe une légère nuance :
En d’autres termes, les vanités nous conseillent de ne pas nous laisser trop distraire par les plaisirs de la vie terrestre comme les bons vins, la musique ou la littérature car, au bout du compte, ils n’ont aucune valeur. Elles nous disent : « Nourrissez votre âme et votre vie spirituelle, pas seulement votre corps ! »
Les memento mori et les vanités sont des œuvres qui nous rappellent la fragilité de la vie humaine et nous encouragent à regarder au-delà de l’aspect matériel des choses.
La nature morte est un genre étant incroyablement polyvalent. Les artistes du 20e siècle ont utilisé la nature morte comme un terrain de jeux pour exprimer et expérimenter de nouveaux styles et techniques, et pour rompre avec les règles établies.
Il est évident que les choses ont beaucoup changé depuis le 17e siècle. Par exemple, au début du 20e, Pablo Picasso et Georges Braque, les fondateurs du cubisme, ont bouleversé les règles de la peinture en utilisant comme modèle des objets du quotidien.
D’autres artistes, comme le peintre français Henri Matisse ou le peintre britannique Patrick Heron ont utilisé la nature morte pour explorer la lumière et la couleur, en peignant des formes dynamiques aux couleurs fortes et contrastées.
Les artistes ont également commencé à créer des œuvres à partir d’objets réels, mais nous y reviendrons plus tard. Félicitons donc la nature morte d’avoir résisté si longtemps aux conventions et d’avoir inversé les hiérarchies !
La nature morte a perduré en tant que genre pictural, traversant non seulement les mouvements artistiques tels que l’impressionnisme, le cubisme ou le pop art, mais aussi les époques, les lieux et les cultures.
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