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Les Lumières
Jean Huber, Un dîner de philosophes,
1772, huile sur toile, Voltaire Foundation, Oxford

Du côté des idées, le 18e siècle est en effervescence.

 

Un nouveau courant culturel rassemble les penseurs de toute l’Europe et influence même l’Amérique. Ce sont « Les Lumières ».

Ces penseurs prennent la défense de principes comme :

 

 

Ils sont soutenus par des personnalités importantes, jusqu’à la favorite du roi de France. C’est en tout cas ce que Madame de Pompadour affirme haut et fort dans son portrait.

 

Dans sa bibliothèque, la marquise possède de nombreux ouvrages, dont ceux des penseurs Montesquieu, Voltaire et L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

Quentin de La Tour, Portrait en pied de la marquise de Pompadour,
vers 1755, pastel sur papier, 175 x 128 cm, Musée du Louvre, Paris. Photo : © Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Laurent Chastel
Quentin de La Tour, Portrait en pied de la marquise de Pompadour,
vers 1755, pastel sur papier, 175 x 128 cm, Musée du Louvre, Paris. Photo : © Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Laurent Chastel
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Les penseurs des Lumières défendent l’éducation, la supériorité de la raison et croient au progrès de l’humanité.

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Les manufactures royales

Les artistes lorgnent aussi du côté des arts décoratifs. Le peintre Boucher donne, par exemple, des modèles pour réaliser des tapisseries ou des objets de porcelaine.

 

En France, ces objets de luxe sont fabriqués dans les manufactures royales. Ces « entreprises », fondées au siècle précédent, ont le droit à un fort soutien de la monarchie. Entre ces subventions et les artistes de talent à leur service, c’est une affaire qui roule.

 

En tapisserie, les peintres fournissent les « cartons ». Ces peintures sont ensuite reproduites à la même échelle par le « lissier » (le tapissier).

Manufacture des Gobelins d’après Charles le Brun, Visite de Louis XIV à la Manufacture des Gobelins,
entre 1673 et 1680, 5 x 7 m, Châteaux de Versailles et de Trianon. Photo : © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Christian Jean / Jean Schormans
Manufacture de Sèvres, Vase à bâtons rompus rectifié et paire de vases étrusques dite « étrusques à cartel »,
entre 1765 et 1770, porcelaine tendre à fond bleu, Musée du Louvre, Paris. Photo : © Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Martine Beck-Coppola
Manufacture de Beauvais, La Prise de Doesbourg,
18e siècle, tapisserie, 4,6 x 3,5 m, Châteaux de Versailles et de Trianon. Photo : © Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Marc Manaï
  1. Pendant la réalisation de la tapisserie, on garde toujours un œil sur le « carton » (le modèle).
  2. On prend des points de repères sur la trame, tendue sur le métier à tisser.
  3. Le travail est lancé ! Il se fait toujours à l’arrière de la tapisserie.
Tapisserie de haute lisse, manufacture des Gobelins, via la chaîne Mobilier National, Dailymotion
Tapisserie de haute lisse, manufacture des Gobelins, via la chaîne Mobilier National, Dailymotion
Tapisserie de haute lisse, manufacture des Gobelins, via la chaîne Mobilier National, Dailymotion
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Les artistes donnent des modèles pour les arts décoratifs créés dans les manufactures royales.

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La naissance du marché de l’art
Nicolas Langlois, Exposition des ouvrages de peinture et de sculpture dans la Grande Galerie du Louvre au Salon de 1699

Pour se faire connaître, les artistes bénéficient désormais d’expositions régulières. C’est l’occasion de montrer ses dernières œuvres et de trouver des clients.

 

Dans leur sillage, naissent…

 

 

D’ailleurs, c’est à cette époque que l’on crée les premières maisons de vente aux enchères. Elles existent toujours aujourd’hui !

Sotheby’s, Londres
1744. Photo : Dirk Ingo Franke, CC BY-SA 3.0
Christie’s,
1766, Genève. Photo : ines s, CC BY-SA 2.0
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Le 18e siècle voit la naissance du marché de l’art avec ses galeries, ses critiques et ses maisons de vente aux enchères.

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Le pastel

Début du 18e siècle. De nombreux aristocrates font la queue devant une maison de Paris. Leur but ? Rencontrer la célèbre artiste Rosalba Carriera pour lui demander de faire leur portrait.

 

Si Carriera déplace les foules, c’est qu’elle réalise des œuvres en pastel saluées dans toute l’Europe. Ces bâtonnets de couleur sont vraiment appréciés. Non seulement ils imitent très bien les textures (comme le satin des robes), mais en plus ils ont un aspect poudreux séduisant et charmant.

 

La technique existait avant Carriera mais elle gagne alors ses lettres de noblesse. Tant et si bien que l’engouement ne s’arrêtera pas de sitôt.

Recette pour un bâtonnet de pastel.
Rosalba Carriera, Autoportrait avec un portrait de sa sœur,
entre 1709 et 1715, pastel sur papier, 71 x 57 cm, Galerie des Offices, Florence

Rosalba Carriera lance la mode du pastel en Europe.

Jean-Baptiste-Siméon Chardin, Autoportrait aux besicles,
1771, pastel, 46 x 38 cm, Musée du Louvre, Paris

Jean-Baptiste-Siméon Chardin commence le pastel à la fin de sa carrière, pour épargner ses yeux usés par les ingrédients nocifs de la peinture.

Maurice Quentin de La Tour, Autoportrait,
vers 1750, pastel sur papier, 64,5 x 53,5 cm, Musée de Picardie, Amiens

Maurice-Quentin de La Tour est surnommé le « prince des pastellistes ».

Jean-Étienne Liotard, Autoportrait,
1773, pastel sur toile, 63 x 52 cm, Musée d’Art et d’Histoire, Genève

Jean-Étienne Liotard a travaillé et voyagé au Moyen-Orient.

Pour résumer

Les œuvres réalisées au pastel, comme celles de Rosalba Carriera, rencontrent un grand succès au 18e siècle.

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Le rococo
François Boucher, Le Déjeuner,
1739, huile sur toile, 81 x 65 cm, Musée du Louvre, Paris. Photo : jean louis mazieres, CC BY-NC-SA 2.0

Au 18e siècle, la société change. Désormais, l’aristocratie délaisse les châteaux avec leurs grands décors et leurs salles mal chauffées. On veut plus de confort, d’intimité et de légèreté.

 

L’art s’en fait l’écho :

 

Voici une famille surprise dans un instant de plaisir intime : elle boit du chocolat ou du café.

On est dans un intérieur petit mais raffiné : certains objets exotiques viennent d’Asie.

Le mobilier, avec ses courbes, est complètement rococo.

Pour résumer

Au 18e siècle, les goûts du public changent : place aux scènes de divertissement et au style « rococo ».

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Les écoles du Nord

C’est un vent de liberté qui souffle dans les pays du Nord de l’Europe. Pas de hiérarchie des genres de peinture ni de souverain pour accaparer les artistes.

 

Mais pour vivre, il faut tout de même vendre ses œuvres… Les peintres doivent répondre aux commandes de clients bourgeois, souvent des marchands. Et ils n’aiment pas beaucoup les grandes toiles historiques. Ils préfèrent les sujets joyeux et charmants, à mettre sur les murs de leurs maisons.

 

Résultat, on croule sous les portraits, paysages et autres scènes du quotidien.

Johannes Vermeer, La Jeune fille à la perle,
vers 1665, huile sur toile, 44,5 x 39 cm, Mauritshuis, La Haye. Photo : Ivan Snowpaw, CC BY-SA 4.0
David Téniers, Le Corps de garde,
1642, huile sur toile, 69 x 103 cm, Musée d’État de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
Rembrandt, La Ronde de nuit,
1642, huile sur toile, 379,5 x 453,5 cm, Rijksmuseum, Amsterdam
Jacob Jordaens, Le Roi boit,
après 1650, huile sur toile, 156 x 210 cm, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles
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Dans les pays du Nord, les peintres réalisent des portraits, des paysages et des scènes de genre pour leurs clients bourgeois.

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Versailles
Façade ouest vue du jardin, Château de Versailles.
Photo : Jean-Christophe Benoist, CC BY 3.0

Le roi Louis XIV ne se contente pas de veiller sur les académies. Il veut aussi un château à sa gloire : ce sera le célèbre Versailles.

 

Ses concepteurs lorgnent du côté du « classique » avec leurs colonnades et leurs décors mythologiques. Même si la surcharge de peintures et de sculptures à l’intérieur fait plutôt penser au baroque. Après tout, pourquoi choisir ?

 

Dans ce petit univers, tout tourne autour du roi. Sa grande Galerie des Glaces célèbre sa puissance militaire et son goût artistique.

Salon d’Apollon, Grands Appartements, Château de Versailles.
Photo : © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Jules Hardouin-Mansart, Galerie des Glaces,
1678-1684, Château de Versailles. Photo : Myrabella, CC BY-SA 3.0
Charles Le Brun, Le Roi gouverne par lui-même,
1661, Galerie des Glaces, Château de Versailles
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Le château de Versailles, construit sous Louis XIV, mêle le baroque à l’intérieur et un style plus classique à l’extérieur.

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La naissance des académies

En France, justement, naissent de nouvelles institutions au 17e siècle. Ce sont les académies, protégées par le roi en personne. Comme leurs cousines italiennes, elles ont pour but de former les jeunes artistes. Cours de sciences, de littérature, formation pratique… Ils ont vraiment toutes les clés en main pour réussir.

Artemisia Lomi Gentileschi, Suzanne et les Vieillards,
1610, huile sur toile, 170 x 119 cm, Château Weissenstein, Bamberg

Et ce n’est pas tout : les académies françaises ont aussi pour rôle de fixer les règles de l’art. Ainsi, en peinture, elles déterminent une véritable hiérarchie entre les « genres ».

 

1. La peinture d’histoire, religieuse et mythologique (le genre le plus prestigieux !)

Michiel Sweerts, Portrait de jeune femme,
1661, huile sur toile, 61 x 53.5 cm, Maison de Maurice, La Haye

2. Le portrait

Louis Le Nain, La Visite à la grand-mère,
1640, huile sur toile, 58 x 73 cm, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg

3. La scène de genre (il y a de l’animation, mais le sujet n’est pas prestigieux)

Annibal Carrache, Paysage,
1590, huile sur toile, 89 x 148 cm, Galerie nationale d’art, Washington DC

4. Le paysage

Caravage, Corbeille de fruits,
entre 1594 et 1602, huile sur toile, 46 x 64,5 cm, Pinacothèque Ambrosienne, Milan

5. La nature morte (les choses inanimées considérées comme les plus faciles à peindre)

 

Cela n’empêche pas les artistes d’innover… comme de pratiquer des genres moins « prestigieux » mais qui ont beaucoup de succès auprès de leurs clients !

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Les académies françaises forment les jeunes artistes et définissent une hiérarchie entre les genres de peinture.

4
La colonnade du Louvre

Années 1660. Le Bernin quitte exceptionnellement Rome, direction Paris. En effet, le roi de France voudrait reconstruire une façade de son palais du Louvre. Au passage, il pense en profiter pour aménager les alentours, en bon urbaniste qu’il est.

Le Bernin, Projet pour le Louvre. Élévation pour la façade orientale,
1664, encre brune, lavis brun et plume, Musée du Louvre, Paris. Photo : © Photo 2011 Musée du Louvre / Marc Jeanneteau

Le Bernin est chargé d’imaginer une entrée monumentale. Une mission tout à fait dans ses cordes ! Hélas, son plan paraît trop « biscornu ». L’architecte a à peine le dos tourné que son projet est abandonné.

 

Voici le premier projet proposé par Le Bernin.

Colonnade de Perrault,
Façade orientale du Louvre aujourd’hui, Paris. Photo : Jean-Pierre Dalbéra, CC BY 2.0

C’est finalement un collectif d’architectes français qui le remplace. Ensemble, ils conçoivent une colonnade rectiligne, plus classique… et plus appréciée.

 

Voici la colonnade actuelle, dont la construction a été dirigée par Claude Perrault

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Le projet de l’architecte Le Bernin pour la façade du Louvre ne plaît pas au roi, qui lui préfère une colonnade plus classique.

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Des artistes au service des rois

L’art ne sert pas uniquement l’Église. Il est aussi utilisé par de nombreux souverains pour se glorifier.

 

Voici trois artistes qui ont travaillé pour eux.

Le Bernin, L’Enlèvement de Proserpine,
entre 1621 et 1622, marbre, 255 cm, Galerie Borghèse, Rome. Photo : Sailko, CC BY 3.0

Le Bernin (1598-1680)

 
Figure du baroque, il est le sculpteur et l’architecte officiel des papes.
L’œuvre à connaître ? L’Enlèvement de Proserpine.

Pierre-Paul Rubens, Henri IV reçoit le portrait de Marie de Médicis et se laisse désarmer par l’amour, Cycle de Marie de Médicis,
entre 1622 et 1625, huile sur toile, 394 x 295 cm, Musée du Louvre, Paris

Rubens (1577-1640)

 
Star du baroque, ce Flamand hyper productif a travaillé pour tous les souverains de son temps. Il a même occupé un poste de diplomate.
L’œuvre à connaître ? Le cycle de Marie de Médicis.

Diego Velázquez, Les Ménines,
entre 1656 et 1657, huile sur toile, 318 x 276 cm, Musée du Prado, Madrid

Velázquez (1599-1660)

 
Grand portraitiste, il est resté plus de 30 ans au service du roi d’Espagne. L’œuvre à connaître ? Les Ménines

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Les souverains font appel à des artistes comme Rubens, Velázquez et Le Bernin pour réaliser des œuvres à leur gloire.