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La touche impressionniste

Peindre, d’accord, mais comment ? Si les impressionnistes sont rentrés dans l’histoire de l’art, c’est beaucoup grâce à leur « touche ». Concrètement, il s’agit de la manière de poser la peinture sur la toile.
 

Contrairement aux toiles académiques de leur temps, très lisses, les impressionnistes laissent visibles leurs coups de pinceaux… d’où cette impression d’inachevé pour les critiques.
 

Mais quand on regarde dans le détail, on se rend compte que chaque artiste a son propre style.

Alexandre Cabanel, Naissance de Vénus (détail), 1863,
huile sur toile, 130 x 225 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Auguste Renoir, Étude. Torse, effet de soleil, (détail), 1875-1876,
huile sur toile, 81 x 65 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) Musée d’Orsay, Dist. GrandPalaisRmn / Patrice Schmidt
Claude Monet, Église de Vétheuil, 1879,
huile sur toile, 65 x 50 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Jean-Marc Anglès

Chez Monet, la neige est appliquée en petites touches épaisses superposées et juxtaposées, tandis que la peinture du ciel est plus fondue.

Auguste Renoir, Chemin montant dans les hautes herbes, vers 1875,
huile sur toile, 60 x 74 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) Musée d’Orsay, Dist. GrandPalaisRmn / Patrice Schmidt

Ici, Renoir applique une touche très graphique et fine pour les coquelicots.

À gauche : Berthe Morisot, Le berceau, 1872 // À droite : Berthe Morisot, L’hortensia, 1894
huile sur toile, 56 x 46 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Michel Urtado // huile sur toile, 73 x 60 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) Musée d’Orsay, Dist. GrandPalaisRmn / Patrice Schmidt

Et ce n’est pas tout ! Le style des artistes peut aussi évoluer dans le temps, comme celui de Berthe Morisot.

Pour résumer

La touche des impressionnistes est plus libre et variée que celle des peintres académiques.

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Les couleurs impressionnistes

Enfin, il est temps de passer à la peinture ! Pour la fabriquer, on mélange des pigments avec un liant (en général de l’huile). Et côté couleurs, les impressionnistes ont le choix : les progrès de la science du 19e siècle ont permis d’en mettre au point de nouvelles, comme le blanc de zinc, le bleu de Prusse ou encore le vert de chrome.
 

Ces couleurs, les impressionnistes les utilisent pures. Et contrairement à une idée reçue, ils ne rejettent pas totalement le noir !
 

Auguste Renoir, La Liseuse (détail), 1874-1876,
huile sur toile, 46 x 38 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Adrien Didierjean
Claude Monet, Femmes au jardin, (détail), 1867,
huile sur toile, 255 x 205 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Auguste Renoir, Madame Darras (détail), vers 1868,
huile sur toile, 48 x 40 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Edgar Degas, Portrait d’Edmond Duranty, 1879,
pastel et gouache sur toile, collection Burrell

Parmi tous ces artistes, certains aiment sortir des sentiers battus ! C’est le cas d’Edgar Degas qui invente et explore des techniques étonnantes, en mélangeant différents types de peinture et de pastel. De quoi réaliser des œuvres vraiment uniques…

Pour résumer

Peignant avec des couleurs pures, les impressionnistes n’hésitent pas à expérimenter, à l’image de Degas.

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Les dessins préparatoires et sous-jacents

Une fois la toile préparée, il est rare que les artistes se lancent directement ! Malgré l’apparente spontanéité de leur peinture, ils réalisent souvent des dessins préparatoires.
 

L’objectif ? Étudier des motifs ou la composition de la scène à venir.
 

Les peintres peuvent ensuite utiliser du fusain pour placer leur scène sur leur toile. Ce dessin sous-jacent servira de ligne directrice pour la peinture. Chez les impressionnistes, toutefois, il n’est pas systématique.

Edgar Degas, Danseuse tournant, 1871-1880,
fusain noir et blanc sur papier, 61 x 45 cm, Art Institute Chicago
Pour résumer

Pour étudier et placer leur composition, les impressionnistes réalisent souvent des dessins préparatoires et sous-jacents.

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La préparation

Avant de peindre, il faut préparer sa toile. En y appliquant un enduit, on protège le support et on favorise l’adhésion de la peinture.

 

À chaque artiste de choisir sa couleur de préparation. Cette sous-couche influence subtilement les teintes finales, en agissant comme une base qui transparaît à travers les couches de peinture. Elle apporte aussi une certaine luminosité à l’œuvre terminée.

 

Dans le cas des impressionnistes, cette préparation joue un rôle encore plus crucial… En effet, ils laissent souvent des zones de cette sous-couche visible, une technique connue sous le nom de « réserve ». Cette méthode, consistant à ne pas recouvrir entièrement la toile de peinture, a choqué les critiques de l’époque. Les tableaux leur semblaient inachevés !

Claude Monet, Les glaçons, 1880,
huile sur toile, 60 x 100 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Sylvie Chan-Liat

 
 
Préparation foncée : elle permet un contraste avec la neige visible près de la signature

Paul Cézanne, Une Moderne Olympia, 1873-1874,
huile sur toile, 46 x 55 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
 
 

Préparation rosée : on peut voir la préparation près du chapeau

Berthe Morisot, Dans les blés, 1875,
huile sur toile, 46 x 69 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Stéphane Maréchalle
 
 

Préparation blanche : on peut voir la préparation sur le bord inférieur

Pour résumer

La préparation colorée du tableau est souvent laissée en réserve par les impressionnistes.

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Le support

Commençons par le support. Les impressionnistes utilisent du carton ou encore du papier, mais ils préfèrent largement peindre sur des toiles (pièces de tissu) tendues sur un châssis de bois.

 

Ces châssis sont de plusieurs types : les simples sont fixes ; ceux à clés, en revanche, sont équipés de cales en bois (les clés) pour ajuster la tension de la toile. Ces derniers sont plus coûteux, mais ils maintiennent la toile bien tendue, ce qui est essentiel pour éviter les déformations avec le temps.

 

Les impressionnistes préfèrent payer leurs matériaux plus chers pour qu’ils soient de qualité : c’est une façon de montrer leur sérieux aux futurs acheteurs.

 

Et en ce qui concerne la taille des toiles, les impressionnistes sont connus pour leurs petits formats, plus faciles à transporter pour peindre en plein air. Mais ils imaginent aussi des grands formats en atelier, en combinant plusieurs petites toiles ou en commandant des supports sur mesure aux marchands.

Camille Pissarro, La diligence à Louveciennes, 1870, huile sur toile, 25 x 35 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Gérard Blot
châssis de la toile. Photo : C2RMF
Auguste Renoir, Jeune femme à la voilette, 1875-1876, huile sur toile, 61 x 51 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Tony Querrec
châssis de la toile. Photo : C2RMF
Pour résumer

Les impressionnistes peignent sur des supports de taille variable – mais de qualité, même si ceux-ci coûtent plus cher.

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Que regarde-t-on sur un tableau ?

Après avoir étudié les sujets impressionnistes, il est temps de plonger au cœur des tableaux ! Grâce aux avancées scientifiques, nous pouvons aujourd’hui analyser les matériaux utilisés par les artistes impressionnistes et, ce faisant, mieux comprendre leur processus de création.

 

À l’époque des impressionnistes, ces différents matériaux (support, peinture…) peuvent être achetés chez des marchands de couleurs ou préparés par les artistes eux-mêmes !

Le support : généralement une toile en lin tendue sur un cadre en bois, appelé châssis.

La préparation : couche d’enduit qui « prépare » la surface de la toile avant de pouvoir la peindre.

Le dessin sous-jacent : les artistes tracent parfois les grandes lignes de leur composition avec un crayon ou un fusain avant de commencer à peindre.

La peinture : constituée de pigments, naturels ou synthétiques, mélangés à un liant.

Le vernis : il protège la peinture

Pour résumer

Un tableau est constitué de différents matériaux (toile, châssis, peinture…) qui peuvent aujourd’hui être étudiés grâce aux avancées scientifiques.

Pour résumer, vous avez découvert :

  • Des modèles pour les impressionnistes : l’entourage familial
  • La représentation de la maternité
  • Les enfants modèles de leurs parents artistes
  • Des adolescents solitaires
  • Le rôle de Julie Manet
  • Une nouvelle attitude à l’égard des modèles
POUR S’ENTRAÎNER

Qui sont les sujets favoris des peintres impressionnistes ?

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Un thème est régulièrement représenté dans les peintures impressionnistes. Il s’agit…

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Qui est la jeune fille sur ce tableau ?

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Une nouvelle attitude à l’égard des modèles
Édouard Manet, La Prune, vers 1877,
huile sur toile, 73 x 50 cm, National Gallery of Art, Washington, D.C.
Edgar Degas, Dans un café, 1875-1876,
huile sur toile, 92 x 68 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Adrien Didierjean

En parallèle, les impressionnistes n’ont pas renoncé aux modèles professionnels ! Mais ceux-ci ne sont pas transformés en figures idéalisées, figées dans des poses statiques, comme chez les peintres académiques. À travers leurs modèles, les modernes cherchent surtout à étudier la lumière et le mouvement.

 

En témoignent ces deux tableaux qui représentent Ellen Andrée, une comédienne et modèle professionnelle qui a souvent posé pour Renoir, Manet, Degas et d’autres artistes de l’époque.

Pour résumer

Quels que soient leurs sujets, les artistes comme Degas et Renoir cherchent avant tout à étudier le mouvement et la lumière.

Un épisode rédigé sous la direction scientifique de Cyrille Sciama et adapté de sa conférence « L’aventure impressionniste · Les modèles ».

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Le rôle de Julie Manet
Auguste Renoir, Julie Manet, 1887,
huile sur toile, 65 x 53 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Stéphane Maréchalle
Édouard Manet, Sur l’Arrosoir (Julie Manet), 1882,
huile sur toile, 100 x 81 cm, collection particulière
Berthe Morisot, Julie rêveuse, vers 1895,
huile sur toile, 65 x 54 cm, collection particulière
Berthe Morisot, Portrait de Julie Manet, dessinant, 1890,
crayon de couleur bleu sur papier, 19 x 21 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Thierry Le Mage

Parmi ces enfants, l’une va consacrer sa vie à l’impressionnisme : c’est Julie Manet, la fille de Berthe Morisot.
 

Il faut dire que la petite baigne dans un univers consacré à l’art : sa mère, son oncle Manet et Auguste Renoir la peignent plus de 70 fois ! Elle-même apprend à manier les pinceaux dès son plus jeune âge grâce à leurs leçons.
 

Une fois adulte, Julie Manet collectionne les œuvres de ces artistes modernes. Et surtout, elle se bat pour les faire reconnaitre et les faire entrer dans les musées ! Elle veille ainsi à ce que sa mère et ses amis ne soient jamais oubliés

Pour résumer

Julie Manet, modèle favori de plusieurs peintres, a consacré sa vie à transmettre la mémoire impressionniste.

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Des adolescents solitaires
Berthe Morisot, Sur un banc au bois de Boulogne, 1894
huile sur toile, 38 x 55 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Berthe Morisot, L’hortensia, 1894,
huile sur toile, 73 x 60 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) Musée d’Orsay, Dist. GrandPalaisRmn / Patrice Schmidt

Les peintres impressionnistes s’intéressent également à l’adolescence, un âge délicat marqué par une transition émotionnelle entre l’enfance et l’âge adulte. Et les moments captés oscillent à nouveau entre joie et mélancolie.
 

Berthe Morisot propose deux visions de cette période :
 

Chez Gustave Caillebotte, l’enfance s’éloigne déjà : avec sa main sur la hanche, le garçon représenté a une attitude d’adulte !

Gustave Caillebotte, Portrait de Camille Daurelle dans le parc de Yerres, 1877,
pastel sur papier, 73 x 60 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) Musée d’Orsay, Dist. GrandPalaisRmn / Patrice Schmidt
Pour résumer

Dans les œuvres impressionnistes, le monde de l’adolescence est dépeint tour à tour de manière joyeuse ou mélancolique.