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Les enfants modèles de leurs parents artistes
Claude Monet, Maison de l’artiste à Argenteuil, 1873,
huile sur toile, 60 x 73 cm, Art Institute Chigago
Claude Monet, Le jardin de l’artiste à Vétheuil, 1880,
huile sur toile, 151 x 121 cm, National Gallery of Art, Washington D.C.
Camille Pissarro, Dans le Jardin des Mathurins, Pontoise, 1877,
huile sur toile, 165 x 125 cm, collection particulière
Auguste Renoir, Gabrielle et Jean, 1895-1896,
huile sur toile, 65 x 54 cm, Musée de l’Orangerie, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski

Les peintres impressionnistes captent aussi les moments heureux de l’enfance ! Si ces sujets charmants plaisent à leurs clients, c’est qu’ils sont fugaces et symbolisent donc la brièveté de l’existence : à l’époque, la mortalité infantile est encore forte.
 

Chez Monet, le jardin est parfois dépeint comme un espace de liberté où l’enfant s’amuse et développe son imaginaire, tandis que parfois, il symbolise le monde des adultes, trop grand pour eux.
 

Dans ce tableau de Pissarro, la petite fille est solitaire, surveillée de près par une adulte.
 

Et s’il est difficile de faire poser un enfant turbulent, Renoir a la solution ! Il peut compter sur Gabrielle, la nounou de ses enfants, pour occuper Jean avec des jouets pendant qu’il les peint.

Pour résumer

Les jeux d’enfants sont des moments fugaces captés par les impressionnistes.

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La représentation de la maternité

Dans toutes les familles, la naissance d’un enfant chamboule le quotidien… Chez les parents artistes, cela se reflète donc aussi dans leur art !

 

Les peintres impressionnistes, comme Auguste Renoir, Claude Monet et Berthe Morisot, ont régulièrement représenté leurs bébés dans leurs œuvres, reflétant à la fois les joies et les défis de la parentalité.

 
D’un côté, Renoir s’inspire d’un sujet religieux, les Vierges à l’enfant, pour peindre son épouse Aline en train d’allaiter le petit Pierre.
 
De l’autre, Monet met à distance son fils Jean. Né dans un moment de grandes difficultés financières, le bébé est veillé par une nourrice payée par un généreux mécène de l’artiste.
 
Quant à Berthe Morisot, elle dépeint sa sœur en train de veiller sa fille avec tendresse et un brin de mélancolie. Elle a conservé ce tableau cher à son cœur toute sa vie !

Auguste Renoir, Maternité, 1885,
huile sur toile, 92 x 72 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Claude Monet, Jean Monet dans son berceau, 1867,
huile sur toile, 116 x 89 cm, National Gallery of Art, Washington
Berthe Morisot, Le berceau, 1872,
huile sur toile, 56 x 46 cm, Musée d’Oryay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Michel Urtado
Pour résumer

Les enfants d’artistes deviennent des modèles pour leurs parents dès le berceau.

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Différents modèles familiaux
Claude Monet, Suzanne lisant et Blanche peignant, 1887,
huile sur toile, 91 x 97 cm, Musée d’Art du comté de Los Angeles

Partons à la rencontre de certains modèles des impressionnistes ! Pour cela, examinons leur entourage familial :

 

Entre ses deux fils et ses six beaux-enfants, c’est une ribambelle de bambins qui gambade dans le jardin de Giverny avec Claude Monet et sa deuxième épouse Alice Hoschedé ! L’artiste a une petite préférence pour sa belle-fille Blanche à qui il apprend la peinture.

Berthe Morisot, Eugène Manet et sa fille au jardin de Bougival, 1883,
huile sur toile, 60 x 73 cm, collection particulière

Mariée à Eugène Manet (le frère du peintre Édouard Manet), Berthe Morisot chérit sa fille unique Julie qu’elle peint à de nombreuses reprises.

Camille Pissarro, Portrait de Lucien Pissarro, 1875,
huile sur toile, 28 x 23 cm, collection particulière

Camille Pissarro est un père très aimant qui forme ses huit enfants à devenir des artistes accomplis ! Il a, hélas, perdu plusieurs filles en bas âge.

Pierre Bonnard, Auguste et Jean Renoir, vers 1916,
épreuve au gélatino-bromure d’argent, 10,2 x 7,6 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Auguste Renoir est le père attentif de trois fils qui feront tous carrière dans l’art et le cinéma. Il a 60 ans quand naît son petit dernier, Claude.

Pour résumer

En plus de peindre leurs enfants, plusieurs peintres impressionnistes les forment à devenir des artistes.

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Des modèles pour les impressionnistes : l’entourage familial

Alors, qui sont celles et ceux qui font les modèles préférés des impressionnistes ? Il peut s’agir d’une belle-sœur elle-même artiste, d’enfants qui s’amusent, de femmes aux ombrelles…

 

Comme on l’a déjà vu, ces artistes modernes s’opposent à la peinture académique : il n’est plus question de représenter des héros historiques ou des dieux antiques ! Au contraire, les œuvres impressionnistes mettent en scène des sujets quotidiens, familiers et réalistes.

 

Et comme il est plus facile (et moins cher) de faire poser sa propre famille que d’engager des modèles professionnels, c’est l’entourage des peintres (et surtout leurs enfants) qui est mis à contribution. Rentrons dans leur intimité…

Mary Cassatt, Portrait de Mademoiselle C. Lydia Cassatt, fin du 19e siècle,
huile sur toile, 92 x 65 cm, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. (C) GrandPalaisRmn / Agence Bulloz
Pour résumer

Les impressionnistes prennent souvent pour modèle des membres de leur famille.

Pour résumer, vous avez découvert :

  • Impressionnisme et marché de l’art
  • L’exposition « commerciale » de 1874
  • Focus sur les œuvres vendues en 1874 et 1875
  • La figure de Paul Durand-Ruel, le marchand « fou »
  • Monet : des difficultés financières au succès
  • La stratégie de Monet pour garantir la montée des prix
  • Un facteur important : l’élargissement de la clientèle
  • Les artistes femmes et le marché : l’exemple de Berthe Morisot
POUR S’ENTRAÎNER

Qui a peint ce tableau ?

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Qui est Paul Durand-Ruel ?

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Quel membre de l’impressionnisme vend particulièrement bien aux États-Unis, avec 300 toiles vendues outre-Atlantique dès 1895 ?

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Les artistes femmes et le marché : l’exemple de Berthe Morisot

Côté Berthe Morisot, ce n’est pas la même histoire ! En tant que femme issue de la bourgeoisie, elle n’est pas censée travailler. À l’époque, certains la considèrent parfois comme une peintre amateure.

 

Mais l’artiste ne se laisse pas abattre ! Au contraire, elle cherche à exposer et à vendre pour être prise au sérieux, comme ses collègues masculins. Dans les années 1870, ses œuvres sont achetées au même prix que les autres impressionnistes. C’est par la suite que sa cote décline…

 

Victime du sexisme de son temps, ayant peu vendu, Morisot tient aujourd’hui sa revanche. Sur le marché actuel, certaines de ses œuvres atteignent facilement plusieurs millions d’euros !

Comparer
Berthe Morisot, Jeune femme en toilette de bal, 1879, Musée d’Orsay, Paris

Il s’agit là de la meilleure vente de Berthe Morisot ! En 1894, ce tableau est vendu pour 4 500 francs.

Claude Monet, Cathédrale de Rouen, plein soleil, harmonie bleue et or, 1894, Musée d’Orsay, Paris

En moyenne, les tableaux de Claude Monet sont vendus aux alentours de 14 000 francs.

Pour résumer

Berthe Morisot, qui subit le sexisme de son temps, ne connaît pas la même carrière que ses collègues masculins.

Un épisode rédigé sous la direction scientifique de Sylvie Patry et adapté de sa conférence « L’aventure impressionniste · Le marché de l’art ».

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Un facteur important : l’élargissement de la clientèle
Mary Cassatt, Portrait de Louisine Havemeyer, 1896,
pastel, Shelburne museum​
Mary Fairchild Low, Portrait de Sarah Tyson Hallowell, 1886,
huile sur toile, 98 x 111, Robinson College, University of Cambridge
Mary Cassatt, Autoportrait, 1878,
huile sur toile, 60 x 41 cm, Metropolitan Museum of Art

Ce n’est pas tout : grâce à Durand-Ruel, Monet et ses collègues élargissent leur clientèle… en partant à la conquête de l’Amérique ! En effet, les nouvelles fortunes nées de l’industrie sont friandes d’art français, permettant de faire de bonnes affaires, à l’image de la collectionneuse Louisine Elder Havemeyer.
 

Deux femmes jouent aussi un rôle clé dans cette ouverture :
 

 

Mission réussie : en 1895, ce sont déjà 300 toiles de Monet qui ont traversé l’Atlantique !

Pour résumer

Les impressionnistes bénéficient de l’ouverture du marché américain grâce à Durand-Ruel et sont défendus auprès de collectionneurs par Sarah Tyson Hallowell et Mary Cassatt.

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La stratégie de Monet pour garantir la montée des prix

Monet bénéficie de la stratégie de Durand-Ruel… mais il est aussi particulièrement malin !
 

À partir des années 1890, il s’enrichit notamment en :
 

Claude Monet peignant les Nymphéas, vers 1922,
(C) Musée d’Orsay, Dist. GrandPalaisRmn / Patrice Schmidt
Claude Monet, Peuplier, effet de vent, 1891,
huile sur toile, 100 x 74 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) Musée d’Orsay, Dist. GrandPalaisRmn / Patrice Schmidt
Claude Monet, Peuplier sur l’Epte, 1891,
huile sur toile, 92 x 73 cm, Tate Museum, Londres. Photo : Tate, CC BY 4.0
Claude Monet, Peupliers, les quatre arbres, 1891,
huile sur toile, 82 x 81 cm, Metropolitan Museum of Art, Paris
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Monet profite du système du marché de l’art pour faire monter ses prix et vendre davantage.

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Monet : des difficultés financières au succès

Celui qui profite beaucoup des efforts de Durand-Ruel, c’est Claude Monet. La preuve :
 

Dans les années 1870, Monet vend des toiles pour quelques centaines de francs. S’il a quitté la misère de ses débuts, sa situation reste précaire.
 

Sur l’année 1912, ses tableaux lui permettent de toucher 369 000 francs soit… 12 millions de dollars actuels!
 

Mais tous les impressionnistes n’ont pas le même destin. Si leur carrière met du temps à décoller, Renoir et Degas finissent par atteindre les mêmes sommes. En revanche, Cézanne vend très peu de tableaux. Quant à Sisley, il meurt en 1899 dans un dénuement total.

Claude Monet, Train dans la campagne, 1870-1871,
huile sur toile, 50 x 65 cm, Musée d’Orsay, Paris. (C) GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Claude Monet, La maison de l’artiste à Giverny, 1912-1913,
huile sur toile, collection privée
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Si Monet touche des sommes très importantes pour ses tableaux, d’autres peintres comme Cézanne et Sisley ont du mal à vivre de leur art.

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La figure de Paul Durand-Ruel, le marchand « fou »
« Les critiques disaient : « Ces (peintres) sont fous, mais il n’y a plus fou qu’eux… c’est le marchand qui les achète ». »
Claude Monet

Eh oui, les impressionnistes ont une chance : ils peuvent compter sur le soutien inconditionnel d’un marchand d’art, Paul Durand-Ruel ! Celui-ci met au point une stratégie redoutable pour épauler et faire connaître ses artistes :
 

 

Et ça marche ! Au début du 20e siècle, les œuvres impressionnistes partent pour des sommes folles ! Quant à Durand-Ruel, il est devenu le modèle du marchand d’art moderne.

Paul Durand-Ruel dans sa galerie en 1910,
Photo : Dornac, Durand-Ruel & Cie, Courtesy of Philadelphia Museum of Art
Pour résumer

Durand-Ruel transforme le marché de l’art en élaborant des stratégies nouvelles pour soutenir les artistes impressionnistes.