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L’ouverture sur le monde

Pour fabriquer tous ces objets, il n’y a pas le choix : il faut faire venir de la matière première du monde entier. De quoi remettre en cause l’idée reçue d’un Moyen Âge fermé sur lui-même…

Vase dit d’Aliénor d’Aquitaine
entre le 6e et 12e siècles, argent, cristal de roche, émail champlevé, or, nielle, perle, pierres précieuses, 33,7 x 15,9 cm, Musée du Louvre, Paris. Photo : © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet

On voyage finalement beaucoup au Moyen Âge, que ce soit pour le commerce, les pèlerinages ou la guerre. Les croisades, par exemple, visent à conquérir la ville sacrée de Jérusalem. Acquises de manière pacifique ou non, les œuvres d’art islamique sont donc très présentes dans l’Occident médiéval !

Pour résumer

Les personnes et les biens voyagent plus qu’on ne le croit au Moyen Âge.

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L’émail

Religieux ou pas, il y a un type d’œuvre dont on raffole au Moyen Âge : les pièces luxueuses en métal. Cela tombe bien, les artistes de l’époque sont d’excellents orfèvres. Ils perfectionnent d’ailleurs une technique, l’émail.

  1. La poudre de verre est colorée avec des oxydes métalliques (cuivre, fer…).
  2. Le mélange est appliqué sur un support d’or, d’argent ou de cuivre.
  3. Et hop, direction le four ! En ressort un émail qu’on ne peut plus détacher de son support.
Capture d’écran de la vidéo La technique que l’émail du Vacheron Constantin pour les métiers d’Art
2014, via la chaîne Perpetuelle, YouTube
Émaux de plique, Paris
1300, émail cloisonné, Musée de Cluny – Musée national du Moyen Âge, Paris
Plaque de reliure, Espagne ou Limousin
12e siècle, émail cloisonné et émail sur cuivre champlevé, 23,6 x 13,6 cm, Musée de Cluny – Musée national du Moyen Âge, Paris. Photo : Spencer Means, CC BY-SA 2.0
Capture d’écran de la vidéo Comment faire de l’émail champlevé,
2009 réalisé par Victoria and Albert Museum via la chaîne Victoria and Albert Museum, YouTube
Une des nombreuses châsses fabriquées pour abriter les reliques de saint Thomas Becket,
entre la fin 12e et début 13e siècle, cuivre émaillé selon la technique du champlevé, 15,9 x 14,1 cm, Musée de Cluny – Musée national du Moyen Âge, Paris
Ciboire de Maître Alpais, Montmajour,
1200, cuivre doré, émail champlevé, cabochons de verre, Musée du Louvre, Paris. Photo : World Imaging, CC BY-SA 3.0
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Les orfèvres du Moyen Âge améliorent la technique de l’émail (de la poudre de verre colorée fixée sur un support métallique).

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L’art profane et l’art religieux

Au Moyen Âge, la religion fait partie de la vie quotidienne. Pas étonnant de voir beaucoup d’œuvres sacrées, réalisées pour glorifier Dieu !

Tympan de la porte Miègeville, L’ascension du Christ
Basilique Saint-Sernin, Toulouse. Photo : PierreSelim, CC0

Mais il existe aussi un art « profane », c’est-à-dire non religieux. Lui, on le retrouve généralement chez les riches seigneurs…

 

…comme dans cette scène d’amour courtois.

 
La limite entre les deux est parfois floue… La preuve, la broderie de Bayeux, au sujet guerrier, était accrochée dans une église. Quant aux seigneurs, ils n’hésitent pas à financer des œuvres religieuses pour montrer leur richesse et leur puissance.

Grand manuscrit de la chanson d’Heidelberg, appelé Le Codex Manesse
1300-1340, Bibliothèque universitaire de Heidelberg, Zurich. Photo : Heidelberg University, CC0
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Les œuvres sacrées sont faites à la gloire de Dieu, contrairement à l’art dit « profane ».

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L’art roman

Bien sûr, l’art roman ne se limite pas à l’architecture, loin de là. Voici un petit tour d’horizon de ce qui se fait à l’époque.

Scènes de la broderie de Bayeux
11e siècle, 50 cm x 68,38 m, broderie, Musée de la Tapisserie de Bayeux, Bayeux. Photo : David Brossard, CC BY S-A 2.0
Tympan du Jugement dernier
vers 1107-1125, 3,6 x 6,7 m, Abbaye de Conques. Photo : Titanet, CC BY S-A 3.0
Vierge à l’enfant
12e siècle, Basilique Notre-Dame, Orcival. Photo : Nastytroll, CC BY S-A 3.0
Lettrine de la lettre C figurant un lièvre musicien
vers 1220, enluminure, Bibliothèque Les Champs Libres, Rennes. Photo : Bibliothèque Les Champs Libres, CC BY S-A 2.0
Olifant sculpté : cet instrument à vent servait à donner l’alerte
13e siècle, défense d’éléphant, 64 x 12,2 cm, Musée de Cluny – Musée national du Moyen Âge, Paris. Photo : Charlyne, CC BY 2.0
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L’art roman se retrouve aussi en broderie, sculpture, enluminure et dans le travail du métal (orfèvrerie) et de l’ivoire.

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Les Clunisiens et les Cisterciens

Tout le monde ne respecte pas à la lettre le mode d’emploi de l’architecture romane…

 
Il y a même deux courants qui s’opposent radicalement.

L’ordre clunisien

 
D’un côté, l’ordre religieux des Clunisiens voit grand ! Dans leurs édifices, on multiplie les décors riches et luxueux. Leur église de Cluny, longue de 190 mètres, restera la plus grande d’Europe pendant 5 siècles.

Abbatiale de Cluny (reconstitution après sa destruction sous la Révolution)
Photo : Juan Seguí Moreno, CC BY-NC-ND 2.0
Cloître, Abbaye Saint-Pierre, Moissac
Photo : Margaret Leighton, CC BY-NC 2.0

L’ordre cistercien

 
De l’autre, les Cisterciens sont allergiques aux décors et à la couleur. Leur credo, c’est la sobriété et la simplicité.

Cloître de l’abbaye de Fontenay
Photo : Flamoroux, CC BY-SA 2.0
Scriptorium, Abbaye de Fontenay
Photo : Jean-Christophe BENOIST, CC BY-SA 3.0
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L’ordre religieux de Cluny aime le faste dans l’architecture tandis que celui de Cîteaux prône la sobriété.

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L’architecture romane

Comment construit-on une église romane ? Voici le mode d’emploi à suivre, à adapter selon les régions.

  1. La bâtir en pierres en respectant un plan dit « basilical » (selon un modèle antique)
  2. Placer les reliques dans le chœur, l’espace le plus sacré
  3. Réaliser des voûtes « en berceau » pour les plafonds et des arcs en plein cintre (en demi-cercle)
  4. Attention, cela pèse lourd, les murs risquent de s’écarter : pour éviter cela, les construire épais avec des contreforts et des fenêtres étroites
  5. Décorer avec de la peinture murale et des sculptures
Plan en coupe de l’église de Conques
Abbaye de Conques, vers 1041-12e siècle, Conques.
Photo : Claude Valette, CC BY-ND 2.0

Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, 1120-1150, Vézelay.
Photo : DKrieger, CC BY-SA 3.0
Basilique Saint-Sernin, vers 1071-13e siècle, Toulouse.
Photo : Patrice Bon, CC0 1.0
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L’architecture romane a plusieurs caractéristiques : arc en plein cintre, murs épais, fenêtres étroites, décorations peintes et sculptées.

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Les reliques et les pèlerinages
À partir de l’époque romane, il est essentiel d’avoir ses propres reliques.

En effet, les pèlerins font des kilomètres pour les voir ou les toucher. Ils espèrent des miracles !

 

L’architecture doit donc s’adapter. Il faut, par exemple, agrandir les édifices pour accueillir tous ces nouveaux visiteurs.

 

Les nouvelles formes de bâtiments se diffusent alors grâce…

 

Façade actuelle de l’église Sainte-Foy de Conques
« C’était comme si le monde entier […] se revêtait d’un blanc manteau d’églises. »
Raoul Glaber
(11e siècle)
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Aux 11 et 12e siècles, les édifices religieux s’agrandissent pour accueillir les pèlerins venus voir les reliques.

Pour résumer, vous avez découvert :

  • Une période victime de clichés
  • Charlemagne
  • Constantinople et l’art byzantin
  • Aix-la-Chapelle
  • La Renaissance carolingienne
  • Les manuscrits carolingiens
  • Un art réaliste ?
Pour s’entraîner

Charlemagne est un souverain de la dynastie des…

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Pourquoi parle-t-on de Renaissance carolingienne ?

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Charlemagne aimait…

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Un art réaliste ?
Les artistes du Moyen Âge prennent quelques libertés avec la réalité…

Les proportions des corps sont parfois un peu oubliées, tout comme les effets de profondeur.

 

Dans cette peinture, le roi Charles le Chauve est ainsi plus grand que les autres personnages alors qu’il est assis !

 
Cela ne veut pas dire que les artistes ne sont pas doués. Ils ne cherchent simplement pas le réalisme. Pour eux, la priorité, c’est que l’on puisse voir ce qui est important au premier coup d’œil : en l’occurrence, le roi.

Bible de Vivien, dite Première Bible de Charles le Chauve
845, Bibliothèque nationale de France, Paris
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Au Moyen Âge, les artistes ne cherchent pas à représenter la réalité (proportions, perspective) mais montrent l’importance des sujets.

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Les manuscrits carolingiens

Pour étudier les textes anciens, encore faut-il avoir des livres. Justement, on en recopie des exemplaires dans des scriptoria. Ces espaces se trouvent dans les monastères et les palais.

Des couvertures ornées de plaques d’ivoire et fixées par des orfèvreries (travail du métal)

Un texte parfois écrit à l’encre d’or sur un parchemin teinté de pourpre (colorant rouge, presque violet)

Pas d’imprimerie à l’époque ! Ce sont principalement des religieux qui s’occupent de copier le texte et de décorer l’ouvrage.
Les manuscrits sont alors des objets de luxe :

Bible de Théodulfe
Photo : © Reproduction Philippe Berthé / CMN
Évangiles d’Ebbon, Saint Luc
Abbaye d’Hautvillers, Reims, 2e quart du 9e siècle, Bibliothèque municipale d’Épernay, Paris. Photo : Yorck Project
Sacramentaire de Drogon
entre 845 et 855, enluminures sur parchemin, 26,5 x 21 cm, Bibliothèque nationale de France, Paris. Photo : G. Garitan, CC BY-SA 4.0
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Les manuscrits carolingiens sont des objets de luxe, recopiés et richement décorés à la main.