Le 17e siècle
Le 17e siècle EPISODE 3
Le 17e siècle
Le 17e siècle EPISODE 3
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Catholiques et protestants

On ne fait pas ce qu’on veut avec l’art religieux au 17e siècle ! D’autant que l’Église sort tout juste d’une énorme crise.

 

En effet, au cours du siècle précédent, l’Europe s’est partagée en deux : entre catholiques qui respectent l’autorité du pape et protestants qui la remettent en cause. Ils sont désormais irréconciliables.

 

L’art religieux fait justement partie des points de désaccord :

 

  • Les protestants le refusent. Il faut rester sobre.
  • Les catholiques pensent au contraire qu’il exalte le sentiment religieux. Les œuvres doivent donc éblouir et provoquer l’émotion.
Église protestante de Gerstheim,
16e siècle, Gerstheim, Bas-Rhin. Photo : Ralph Hammann, CC BY-SA 4.0
Le Bernin, Chapelle Cornaro, La Transverbération de sainte Thérèse,
entre 1647 et 1652, église Santa Maria della Vittoria, Rome. Photo : Livioandronico2013, CC BY-SA 4.0
Pour résumer

L’opposition religieuse entre catholiques et protestants se retrouve aussi dans le domaine de l’art.

2
Baroque et classicisme

Cela tombe bien, l’art baroque du 17e siècle correspond parfaitement aux idées catholiques.

 

Au diable la raison de la Renaissance, le baroque parle aux sentiments. Pour émouvoir, les artistes mêlent différents arts, favorisent les scènes dramatiques et les effets de trompe-l’œil. Leurs œuvres exubérantes en mettent plein la vue.

 

Toutefois, le baroque n’est pas seul. En effet, dans certains pays d’Europe, on continue aussi à apprécier les œuvres équilibrées et apaisées, plus « classiques ».

 

Ces deux courants du 17e siècle doivent donc cohabiter, parfois au sein d’un même édifice !

Francesco Borromini, Dôme de l’église Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines,
Rome. Photo : Architas, CC BY-SA 4.0
Francesco Borromini, Église Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines, Rome.
Photo : Architas, CC BY-SA 4.0
Nicola Salvi, Fontaine de Trevi, 1732-1762, Rome.
Photo : Tango7174, CC BY-SA 4.0
Andrea Pozzo, Dôme de l’église Saint-Ignace-de-Loyola, 1685, fresque, Rome.
Photo : Bridgeman Images
Comparer
Pierre-Paul Rubens, L’Adoration des mages, 1624, huile sur toile, 447 x 336 cm, Musée royal des Beaux-Arts, Anvers

Style baroque

Nicolas Poussin, La Sainte Famille à l’escalier, 1648, huile sur toile, 73,3 x 105,8 cm, Musée d’art, Cleveland

Style classique

Pour résumer

Au 17e siècle en Europe, l’art baroque exubérant cohabite avec un style plus classique et apaisé.

3
Des artistes au service des rois

L’art ne sert pas uniquement l’Église. Il est aussi utilisé par de nombreux souverains pour se glorifier.

 

Voici trois artistes qui ont travaillé pour eux.

Le Bernin, L’Enlèvement de Proserpine,
entre 1621 et 1622, marbre, 255 cm, Galerie Borghèse, Rome. Photo : Sailko, CC BY 3.0

Le Bernin (1598-1680)

 
Figure du baroque, il est le sculpteur et l’architecte officiel des papes.
L’œuvre à connaître ? L’Enlèvement de Proserpine.

Pierre-Paul Rubens, Henri IV reçoit le portrait de Marie de Médicis et se laisse désarmer par l’amour, Cycle de Marie de Médicis,
entre 1622 et 1625, huile sur toile, 394 x 295 cm, Musée du Louvre, Paris

Rubens (1577-1640)

 
Star du baroque, ce Flamand hyper productif a travaillé pour tous les souverains de son temps. Il a même occupé un poste de diplomate.
L’œuvre à connaître ? Le cycle de Marie de Médicis.

Diego Velázquez, Les Ménines,
entre 1656 et 1657, huile sur toile, 318 x 276 cm, Musée du Prado, Madrid

Velázquez (1599-1660)

 
Grand portraitiste, il est resté plus de 30 ans au service du roi d’Espagne. L’œuvre à connaître ? Les Ménines

Pour résumer

Les souverains font appel à des artistes comme Rubens, Velázquez et Le Bernin pour réaliser des œuvres à leur gloire.

4
La colonnade du Louvre

Années 1660. Le Bernin quitte exceptionnellement Rome, direction Paris. En effet, le roi de France voudrait reconstruire une façade de son palais du Louvre. Au passage, il pense en profiter pour aménager les alentours, en bon urbaniste qu’il est.

Le Bernin, Projet pour le Louvre. Élévation pour la façade orientale,
1664, encre brune, lavis brun et plume, Musée du Louvre, Paris. Photo : © Photo 2011 Musée du Louvre / Marc Jeanneteau

Le Bernin est chargé d’imaginer une entrée monumentale. Une mission tout à fait dans ses cordes ! Hélas, son plan paraît trop « biscornu ». L’architecte a à peine le dos tourné que son projet est abandonné.

 

Voici le premier projet proposé par Le Bernin.

Colonnade de Perrault,
Façade orientale du Louvre aujourd’hui, Paris. Photo : Jean-Pierre Dalbéra, CC BY 2.0

C’est finalement un collectif d’architectes français qui le remplace. Ensemble, ils conçoivent une colonnade rectiligne, plus classique… et plus appréciée.

 

Voici la colonnade actuelle, dont la construction a été dirigée par Claude Perrault

Pour résumer

Le projet de l’architecte Le Bernin pour la façade du Louvre ne plaît pas au roi, qui lui préfère une colonnade plus classique.

5
La naissance des académies

En France, justement, naissent de nouvelles institutions au 17e siècle. Ce sont les académies, protégées par le roi en personne. Comme leurs cousines italiennes, elles ont pour but de former les jeunes artistes. Cours de sciences, de littérature, formation pratique… Ils ont vraiment toutes les clés en main pour réussir.

Artemisia Lomi Gentileschi, Suzanne et les Vieillards,
1610, huile sur toile, 170 x 119 cm, Château Weissenstein, Bamberg

Et ce n’est pas tout : les académies françaises ont aussi pour rôle de fixer les règles de l’art. Ainsi, en peinture, elles déterminent une véritable hiérarchie entre les « genres ».

 

1. La peinture d’histoire, religieuse et mythologique (le genre le plus prestigieux !)

Michiel Sweerts, Portrait de jeune femme,
1661, huile sur toile, 61 x 53.5 cm, Maison de Maurice, La Haye

2. Le portrait

Louis Le Nain, La Visite à la grand-mère,
1640, huile sur toile, 58 x 73 cm, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg

3. La scène de genre (il y a de l’animation, mais le sujet n’est pas prestigieux)

Annibal Carrache, Paysage,
1590, huile sur toile, 89 x 148 cm, Galerie nationale d’art, Washington DC

4. Le paysage

Caravage, Corbeille de fruits,
entre 1594 et 1602, huile sur toile, 46 x 64,5 cm, Pinacothèque Ambrosienne, Milan

5. La nature morte (les choses inanimées considérées comme les plus faciles à peindre)

 

Cela n’empêche pas les artistes d’innover… comme de pratiquer des genres moins « prestigieux » mais qui ont beaucoup de succès auprès de leurs clients !

Pour résumer

Les académies françaises forment les jeunes artistes et définissent une hiérarchie entre les genres de peinture.

6
Versailles
Façade ouest vue du jardin, Château de Versailles.
Photo : Jean-Christophe Benoist, CC BY 3.0

Le roi Louis XIV ne se contente pas de veiller sur les académies. Il veut aussi un château à sa gloire : ce sera le célèbre Versailles.

 

Ses concepteurs lorgnent du côté du « classique » avec leurs colonnades et leurs décors mythologiques. Même si la surcharge de peintures et de sculptures à l’intérieur fait plutôt penser au baroque. Après tout, pourquoi choisir ?

 

Dans ce petit univers, tout tourne autour du roi. Sa grande Galerie des Glaces célèbre sa puissance militaire et son goût artistique.

Salon d’Apollon, Grands Appartements, Château de Versailles.
Photo : © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Jules Hardouin-Mansart, Galerie des Glaces,
1678-1684, Château de Versailles. Photo : Myrabella, CC BY-SA 3.0
Charles Le Brun, Le Roi gouverne par lui-même,
1661, Galerie des Glaces, Château de Versailles
Pour résumer

Le château de Versailles, construit sous Louis XIV, mêle le baroque à l’intérieur et un style plus classique à l’extérieur.

7
Les écoles du Nord

C’est un vent de liberté qui souffle dans les pays du Nord de l’Europe. Pas de hiérarchie des genres de peinture ni de souverain pour accaparer les artistes.

 

Mais pour vivre, il faut tout de même vendre ses œuvres… Les peintres doivent répondre aux commandes de clients bourgeois, souvent des marchands. Et ils n’aiment pas beaucoup les grandes toiles historiques. Ils préfèrent les sujets joyeux et charmants, à mettre sur les murs de leurs maisons.

  • Le portrait d’une inconnue  La Jeune fille à la perle
  • La scène de genre avec Le Corps de garde
  • Les portraits de bourgeois d’Amsterdam avec La Ronde de Nuit
  • La scène de genre, ici très crue, avec Le Roi boit

 

Résultat, on croule sous les portraits, paysages et autres scènes du quotidien.

Johannes Vermeer, La Jeune fille à la perle,
vers 1665, huile sur toile, 44,5 x 39 cm, Mauritshuis, La Haye. Photo : Ivan Snowpaw, CC BY-SA 4.0
David Téniers, Le Corps de garde,
1642, huile sur toile, 69 x 103 cm, Musée d’État de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
Rembrandt, La Ronde de nuit,
1642, huile sur toile, 379,5 x 453,5 cm, Rijksmuseum, Amsterdam
Jacob Jordaens, Le Roi boit,
après 1650, huile sur toile, 156 x 210 cm, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles
Pour résumer

Dans les pays du Nord, les peintres réalisent des portraits, des paysages et des scènes de genre pour leurs clients bourgeois.

Pour résumer, vous avez découvert :

  • Catholiques et protestants
  • Baroque et classicisme
  • Des artistes au service des rois
  • La colonnade du Louvre
  • La naissance des académies
  • Versailles
  • Les écoles du Nord
Pour s’entraîner

L’Adoration des Mages de Pierre-Paul Rubens est de style…

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Quelles institutions, protégées par le roi de France, font leur apparition au 17e siècle ?

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Dans la hiérarchie des genres en peinture déterminée par l’académie en France, lequel est le plus estimé ?

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